6 Juin - 12 Septembre 2001 |
JEAN-PIERRE RAYNAUD
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Sous Tension (catalogue)
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galerie jerome de noirmont
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communique de presse
Pour la première fois à la Galerie Jérôme de Noirmont, qui l´a représenté, Jean-Pierre Raynaud a dévoilé sa série de drapeaux de l´ex-Union Soviétique dans une exposition intitulée Sous Tension, où ont été présentés une quinzaine de drapeaux soviétiques différents. Le point d´orgue de cette exposition était sans aucun doute l´oeuvre intitulée Union Soviétique, une impressionnante pièce constituée de neuf drapeaux emblématiques de l´ex-Union Soviétique.
Dans ce nouveau travail, le drapeau quitte le champ du politique pour acquérir le statut d´oeuvre d´art, par le simple fait qu´il est choisi par l´artiste et tendu sur un châssis. " Tendus, mis sous tension, livrent au regard ce qu´ils sont. Avec ce geste, ils deviennent des objets Raynaud et je me garde de ne faire aucune autre intervention " Cependant, malgré sa finesse d´aspect et parce qu´il conserve toute son intégrité, le drapeau de Raynaud ne peut en aucun cas être vu comme un tableau : il demeure un véritable objet, un " Raynaud ".
La force de Raynaud est de rester au premier degré de ces objets manufacturés. À ce titre, le drapeau est un objet assez éloquent en lui-même pour rendre toute autre intervention artistique superflue. Raynaud choisit de le faire simplement " entrer dans le champ de l´art ".
Par sa symbolique politique et historique, le drapeau est certainement l´un des objets les plus passionnels pour tout individu, car chargé d´émotions. Le dé-politiser, le dé-passionner est une chose difficile, c´est pourtant le pari de Raynaud. Ce travail ne se situe pas dans une dimension critique, il s´agit d´une appropriation artistique où chaque drapeau est traité sur un même pied d´égalité, dans une totale neutralité : " Je suis très conscient que je prends un objet qui vient du politique mais, dans la mesure où cet objet devient artistique, on doit accepter qu´il soit vécu à travers mon regard d´artiste. "
Pour la première fois, Raynaud présente des drapeaux qui n´ont plus cours, depuis l´éclatement de l´Union Soviétique en 1991. Compte tenu de leur histoire et de leur vécu, certains drapeaux sont entiers, d´autres ne sont que des fragments, que Raynaud, fidèle à son principe d´intégrité, présente aussi comme des fragments, simplement tendus sur châssis.
Le drapeau soviétique a eu une longue évolution avant de trouver sa forme ultime, et fut décliné en des variantes distinctes qu´on retrouve dans l´exposition avec les motifs récurrents du marteau, de la faucille, de l´étoile communiste et du rouge révolutionnaire, étroitement liés à notre Histoire, qui sont des motifs esthétiques et symboliques imparables. Ces drapeaux résument avec une économie de moyens considérable des idées et des sentiments forts, universels et profondément ancrés dans notre inconscient collectif.
" Le drapeau est devenu le nouvel archétype du langage de Raynaud : une oeuvre d´art intemporelle dont la dimension culturelle transcende la symbologie politique dans le même objet. L´entrée en art de l´objet-drapeau le libère des vicissitudes de l´Histoire qu´assume le symbole national. "
Pierre Restany