20 Septembre - 30 Octobre 2001 |
ANH DUONG
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La Mariée Mise à Nu par ses Célibataires
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galerie jerome de noirmont
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communique de presse
Deux ans après le succès considérable de sa première exposition personnelle à la galerie et alors que les Editions Assouline, New York, lui consacre une importante monographie (fait rare pour une artiste aussi jeune), Anh Duong a dévoilé ses derniers autoportraits inédits dans cette seconde exposition à la galerie.
Ces oeuvres récentes, une vingtaine d´huiles sur toile et une quinzaine d´oeuvres sur papier, toutes réalisées en 2001, marquent une nouvelle étape dans la recherche perpétuelle que mène l´artiste autour de la représentation et de la peinture. À la différence de ses oeuvres antérieures, très expressionnistes et sursaturées de couleur, cette série est caractérisée par la transparence : le sujet finit par s´estomper pour s´effacer partiellement. "Pour moi, explique-t-elle, c´est seulement quand le sujet disparaît que la peinture vient à la vie. J´essaie toujours d´enlever le plus possible. Car plus j´efface quelque chose, plus il devient présent."
En quête d´une plus grande pureté, Anh Duong se dévoile ici dans un jeu délicat de semi-transparence : peignant sur des toiles de coton à peine préparées, elle sublime l´aspect brut du support par une subtile juxtaposition d´enduit et d´huile, appliqués sur le sujet comme un voile, dans une gestuelle fluide et linéaire. Ces oeuvres semblent être constituées de deux fines couches, l´une de couleurs lavées, l´autre formée d´un entrelacs de marques et de lignes ondulantes d´où émerge le portrait. Le sujet et l´arrière-plan se fondent ainsi, abolissant les notions conventionnelles de perspective.
Toujours étonnants, étrangement fragiles et intimes, les autoportraits d´Anh Duong sont autant de visions incisives du même personnage, nous livrant tour à tour son visage et son corps dénudé, ou simplement vêtu de lingerie fine, dépouillé des artifices faciles de la séduction et de la complaisance narcissique.
Artiste faisant face à sa propre représentation, Anh Duong refuse de se dépeindre selon un quelconque idéal de beauté, auquel elle fut cantonnée quand elle était mannequin haute-couture, pour s´exposer avec des traits dont la crudité et la distorsion dépassent souvent la réalité. Impitoyable à son égard, elle choisit de représenter son corps souvent vieilli, décharné, zébré d´ombres et de marques de couleurs froides, les yeux hagards et fatigués, dans des postures parfois très inconfortables. La nudité de son corps n´a ici rien d´exhibitionniste et ne place jamais le spectateur dans une position de voyeur, c´est un abandon total et impudique, une mise à nu de l´âme, révélant la personnalité profonde de l´artiste.
Si la couleur se fait moins violente, le geste moins convulsif, le sentiment obsédant d´urgence et d´absolue nécessité qui nous étreignaient dans ses premières toiles est toujours aussi prégnant. La douce mélancolie qui émane des tons pâles de ses silhouettes est soulignée par l´agressivité des couleurs acides avec laquelle l´artiste peint ongles, lingerie et accessoires, exacerbant ainsi les sentiments ambivalents qui habitent ses autoportraits.
Le thème dominant de cette exposition est le mariage et sa représentation. Plusieurs toiles révèlent l´artiste nue sous le tulle blanc d´un voile de mariée ; l´évidente opposition entre la nudité du corps et la virginité du voile est d´autant plus saisissante que le mystère de cet étrange cérémonial reste total. L´intelligence et la subtilité de Anh Duong est de laisser à chacun le soin d´y apporter sa propre réponse. Le titre de l´exposition Anh Duong, La Mariée mise à nu par les célibataires illustre parfaitement cette approche paradoxale entre dévoilement et secret ; référence explicite à Marcel Duchamp, il laisse la porte ouverte à toutes les interprétations.
Anh Duong nous invite ici au voyage à travers le phénomène du désir amoureux. C´est un voyage délicat et obsédant, envoûtant et sensuel, qui projette le spectateur dans l´intimité de l´artiste, entre réalité et fantasme.