Du 8 février au 5 avril 2008, pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie, Shirin Neshat dévoilera ses nouvelles œuvres,
deux vidéos intitulées Munis et Faezeh et les nouvelles photographies créées à l’occasion de ces deux projets.
S’inspirant toujours essentiellement de la culture de son pays natal, Shirin Neshat s’intéresse depuis quelques années à
une approche plus universelle des notions de société, d’identité, d’asile, de refuge, d’utopie… Dans une démarche plus cinématographique qu’à ses débuts, elle utilise la puissance des images pour porter à leur paroxysme les dialectiques actuelles homme/femme, est/ouest, dominant/dominé, tout en y introduisant le doute. L’imagerie tranchée de ses premiers films a fait place à une approche plus narrative, avec des caractères plus nuancés.
Depuis 2003,
le travail de Shirin Neshat s’inspire du roman Women without men de l’iranienne Shahrnush Parsipur, écrit dans un style de réalisme magique, qui entrecroise les vies de 5 femmes iraniennes à Téhéran durant l’été 1953, où un coup d’état lancé par la CIA réinstalla la famille du Shah au pouvoir en Iran. Le livre, qui valut à son auteur emprisonnement et exil, met en parallèle 5 femmes qui recherchent la liberté pour échapper au joug oppressif de leur vie, dans un pays en crise. Shirin Neshat nous livre son interprétation du roman au travers de 5 vidéos relatant les vies de ces 5 femmes. La première vidéo,
Mahdokht*, créée en 2003, évoquait une femme en prise avec les tabous sexuels.
Zarin*, créée en 2005, traitait de la dépression émotionnelle et psychologique d’une jeune prostituée.
Les deux nouvelles vidéos présentées en ce début 2008, introduisent les personnages de
Munis* et de
Faezeh*. Elles sont projetées sur un écran unique, en format Cinemascope, d’une dimension suffisamment grande pour voir les personnages en taille réelle, en couleur, dans une salle spécifiquement aménagée à l’intérieur de la galerie, l’artiste insistant sur une interaction viscérale et émotionnelle entre le spectateur et ses personnages.
Munis* est une femme d’une trentaine d’années, dont la passion pour l’activisme social et politique se heurte à l’oppression de son frère. En voulant échapper à celui-ci, elle assiste à l’assassinat d’un activiste par les gardes, elle se jette alors du toit et se retrouve allongée, morte, aux côtés de l’activiste. La mort lui offre l’occasion inespérée d’une discussion avec l’activiste. Elle découvre alors que la « réalité » dans sa proximité est à la fois prometteuse et décevante.
Faezeh* est une jeune femme religieuse, dont les rêves de mariage et de famille ont été anéantis par un viol. Emmenée par son amie
Munis dans un verger à la campagne pour y trouver refuge temporairement, elle est hantée par la vision d’une femme voilée en noir, qui apparaît et disparaît dans la forêt, et finit par sombrer dans la folie. Cette œuvre traduit l’effondrement émotionnel et psychologique d’une femme musulmane, dont le sens de conviction, de moralité et de foi religieuse est intégralement anéanti après une agression sexuelle.
Parallèlement, toujours inspirée de ces récits, Shirin Neshat a créé une
toute nouvelle série de photographies, qui figurent principalement des portraits d’hommes et femmes. L’artiste représente ici des personnages issus du même contexte historique iranien des années 50. Certains tirages sont rehaussés de calligraphies à l’encre, donnant ainsi un caractère narratif mystérieux aux personnages représentés. Très attachée à ses racines culturelles, Shirin Neshat réaffirme son amour de la littérature et semble ici perpétuer à sa manière l’héritage de l’art ancestral du livre persan, où l’écriture est en perpétuelle confrontation avec l’image.
Aussi, quelques photos noir & blanc nous replongent dans le contexte historique de l’été 53 à Téhéran, avec des scènes figurant des chorégraphies d’ensemble, avec plusieurs personnages dans un panorama urbain.
Shirin Neshat est une artiste iranienne née à Qazvin en 1957. Immigrée aux Etats-Unis dès 1974 où elle vit toujours, elle s’est imposée dans le paysage artistique contemporain, notamment grâce à sa série de photographies
Women of Allah (1994). Sa première installation vidéo majeure
Turbulent (1998) lui valut en 1999 le Lion d’Or à la Biennale de Venise. Célébrée également pour sa réflexion poignante sur la psychologie perturbée des exilés dans Rapture (1999), l’artiste a exposé ces dernières années au sein de grandes institutions muséales et a été récompensée à maintes reprises.
* Les vidéos portent les noms des femmes dont elles racontent l’histoire.
CONTACT PRESSE : Emmanuelle de Noirmont / Ludyvine Travers-Pitrou
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VISUELS 300 dpi disponibles pour la presse sur demande auprès de la galerie.