SIGNES & PRODIGES
Exposition de groupe, FIAC 2006
Grand Palais, Paris / 26 – 30 octobre 2006
Jean-Michel BASQUIAT
George CONDO
Claudine DRAI
EVA & ADELE
Keith HARING
Fabrice HYBER
Jeff KOONS
McDERMOTT & McGOUGH
David MACH
Shirin NESHAT
Pierre et Gilles
A.R. PENCK
Bettina RHEIMS
Benjamin SABATIER
Bernar VENET
SIGNE : ce qui permet de connaître, de deviner, de prévoir – indice, marque ; mot, geste, etc., permettant de faire connaître, de communiquer ; unité linguistique constituée de l’association d’un signifiant et d’un signifié ; marque matérielle distinctive ; représentation matérielle de quelque chose ayant un caractère conventionnel ; tout caractère d’imprimerie ; nom donné à certains symboles utilisés en mathématiques ; manifestation élémentaire d’une maladie.
PRODIGE : fait, événement extraordinaire qui semble de caractère magique ou surnaturel ; ce qui surprend, émerveille ; personne d’un talent ou d’une intelligence rare, remarquable.
La nature et la signification du signe dans l’art ne cesse d’évoluer. Aujourd’hui, même si elle n’est plus soumise au carcan du symbole et de l’allégorie, l’œuvre d’art est à la fois signe et prodige, ou tout du moins elle vise à l’être ; le concept fondateur d’une œuvre importe au moins autant que son appréciation esthétique et son impact émotionnel.
Au travers d’œuvres spécialement sélectionnées parmi celles des artistes de la galerie, dont de toutes nouvelles, l’exposition abordera cette thématique sous 3 angles principaux : les œuvres à connotation spirituelle (MacDermott & MacGough, Neshat, Pierre & Gilles, Rheims…) ; les œuvres qui se basent sur l’objet (Hyber, Koons, Mach, Sabatier) ; les œuvres ayant recours au texte et au langage (Basquiat, Hyber, Penck).Depuis toujours et en particulier dans l’art du portrait, le « signe » est intégré à l’œuvre comme un détail de la composition à valeur symbolique ou allégorique. Toute œuvre à connotation spirituelle, religieuse ou mythologique utilise le signe comme référence historique pour donner sa signification à la figure ou à la scène représentée. Ainsi, Pierre et Gilles dans leurs séries
Les Saints et
Mythologies, comme Bettina Rheims dans
I.N.R.I., utilisent les attributs classiques des personnages représentés pour rendre compréhensible leur iconographie contemporaine. De manière similaire, MacDermott & MacGough se servent des vêtements pour dater leurs œuvres réalisées « à l’ancienne ».
Le signe s’entend aussi dans sa valeur linguistique, beaucoup d’œuvres contemporaines intégrant des mots ou éléments de textes. Dans les tableaux et dessins de Basquiat et de Hyber par exemple, les mots se juxtaposent, forment parfois des poèmes, ou s’essaiment dans l’œuvre, comme des clés dont le sens et l’emplacement sur la toile désignent les cheminements de la pensée de l’artiste.
Le signe peut par ailleurs avoir une valeur purement plastique comme dans les toiles de Penck, où croix, points et autres symboles géométriques ont essentiellement pour objet d’équilibrer la composition (tout en se juxtaposant à d’autres signes comme l’œil ou l’aigle, qui ont eux une valeur symbolique réelle). C’est cette plasticité du symbole ou de la formules mathématique que Bernar Venet met en avant dans ses toiles récentes, pour définir une nouvelle esthétique, une nouvelle évolution de la représentation artistique.
Une œuvre de Duchamp n’est pas exactement ce qu’on a devant les yeux, mais l’impulsion que ce « signe » donne à l’esprit de celui qui le regarde. A l’instar de Duchamp, chez de nombreux artistes contemporains, le signe tend à s’effacer pour devenir prodige ; la compréhension d’une oeuvre ne se trouve plus dans les détails de sa composition, mais dans son impact visuel et émotionnel, grâce à un concept fondateur fort et explicite.
Quand Koons veut signifier à tout un chacun qu’il lui est possible de s’accomplir et d’accéder à une réussite sociale, il s’approprie les affiches publicitaires Nike qui mettent en scène des vedettes sportives américaines, comme celle exposée de
Zungul, Lord of Indoors. Par ailleurs, pour réaliser ses fameux Tanks de la série Equilibrium (ici, le
One Ball 50/50), il prend conseil auprès d’un Prix Nobel de physique pour obtenir le choc visuel escompté.
Benjamin Sabatier poursuit, lui, sa réflexion sur la place de l’œuvre d’art au sein de la réalité socio-économique actuelle, en pastichant la logique d’entreprise sur la création de nouveaux produits destinés à une consommation de masse, avec ses nouveaux
Bacs, œuvres uniques composées de papier-journal et de bacs à glaçons. Le prodige naît en effet aussi de la virtuosité avec laquelle un artiste crée une œuvre à partir d’un « rien », tel David Mach qui nous dévoile ses nouvelles sculptures réalisées avec des objets de notre quotidien, toujours spectaculaires, ou telle Claudine Drai qui nous permet de saisir l’inexprimable avec ses sculptures en papier de soie.
Dans cette quête du prodige, Fabrice Hyber pousse plus loin encore la démarche de Duchamp, avec ses
p.o.f. (prototypes d’objets en fonctionnement) : ce sont des objets qui peuvent être utilisés autrement qu’à travers la seule contemplation, qui visent à démystifier l’objet d’art.
Le Ballon carré est l’exemple même de l’œuvre qui interpelle le spectateur par l’originalité de sa forme.
L’expression artistique contemporaine peut se comparer à l’enseignement d’un prophète ou d’un dieu dans toute religion, enseignement qui devient compréhensible au travers des signes utilisés et des prodiges réalisés. Les mots que prononce le prophète interrogent régulièrement, question contre question, au lieu de répondre ; ils se déguisent en énigmes et paraboles pour que leur sens se démultiplie et qu’ils prennent une résonance particulière à chaque oreille ; ils volent comme des graines portées par le vent et personne ne sait quelle plante ils donneront quand ils germeront en terre. L’artiste, lui, s’exprime par ses œuvres et non par ses discours ; il s’agit alors de voir plutôt que d’écouter….
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Visuels 300 dpi disponibles sur demande auprès de la galerie.