17 Novembre - 13 Janvier 2001
A.R. PENCK
Sur les méthodes de la Peinture (catalogue)
galerie jerome de noirmont

communique de presse

Quatre ans après l´exposition La Mort du Temps à l´automne 1996, A.R. Penck a présenté ses nouvelles oeuvres dans une exposition intitulée Sur les méthodes de la peinture du 17 novembre 2000 au 13 janvier 2001, célébrant l´un de nos plus grands philosophes, René Descartes, et son ouvrage majeur Le Discours de la Méthode, dont les fondements définissent "l´esprit cartésien" si typiquement français. Au travers d´une quarantaine d´oeuvres récentes, nous retrouvons, outre cette recherche philosophique nouvelle, la symbolique et l´iconographie si caractéristiques de l´oeuvre de Penck.

A.R Penck est certainement l´un des artistes allemands actuels les plus importants, mais paradoxalement l´une des figures les plus secrètes du Néo-Expressionnisme. Après une jeunesse marquée par la destruction et le chaos - il fut traumatisé par le bombardement total de Dresde en 1944 et son enfance dans les ruines- la peinture de Penck établit l´axe existentiel dans lequel il se situe : elle n´est ni un primitivisme, ni un formalisme. Elle ne s´inscrit pas dans une perspective idéaliste ou nostalgique, car elle a pour ambition de prendre en compte les mouvements de la vie.

Pour cela, à la manière de Descartes qui a bâti lui-même les fondements sur lesquels il pouvait s´appuyer, Penck s´est construit picturalement l´assise qui lui avait toujours manqué. Il a créé lui-même les bases d´un langage artistique universel, libérateur d´un système politique de pensée totalitaire et unique. Ainsi, chaque expérience élémentaire de sa vie donne lieu à un symbole élémentaire que tout le monde peut comprendre et imiter, ouvrant ainsi le champ des possibles. En pleine Guerre Froide, aux systèmes qui se faisaient face militairement et idéologiquement, Penck, fièrement, opposait la franchise et la rugosité de son propre système pictural. Ainsi, entre 1961 et 1964, Penck met au point le Weltbild, le Systembild et le Standart, les concepts certainement les plus poussés de toutes ses recherches à la fois scientifiques, artistiques et politiques.

Il existe donc chez Penck une véritable "méthode" qui recoupe les quatre préceptes énoncés par Descartes : Tout d´abord, une remise en cause profonde des fondements, puis, la décomposition des objets en parcelles, leur division pour atteindre la simplicité. Une fois la simplicité atteinte, naît la possibilité d´aller vers la complexité par la multiplication des signes. Le stade final consiste à s´assurer que l´opération est complète et que l´on n´a rien omis pour une compréhension totale et rationnelle. Diskussion mit R.D. über die Methoden (Discussion avec R.D. sur les méthodes) et Gespräch am Abend (Conversation du soir), deux toiles de grand format dans lesquelles Penck se représente en compagnie de l´auteur du Discours de la Méthode, sont le point d´orgue de cette exposition.

Par ailleurs, une série d´oeuvres datées de 1997 est consacrée à Berlin, symbole de la Guerre Froide et de la Réunification. Les autres toiles exposées, aux couleurs vives et chaudes, synthétisent les sources d´inspirations favorites de Penck, comme l´art pariétal et les animaux sauvages : Mars, Mann, Schwarzer Löwe (Mars, homme, lion noir) ; le mouvement des signes et leur interaction qui articule la composition picturale : Raumöffnung (Ouverture de l´espace) ; une codification des signes et une construction à l´identique, commune à plusieurs oeuvres : Begegnung, erstarrt (Rencontre, se fige) et Vergleicht, erstarrt (Comparaison, se fige).

La qualité et la force des oeuvres présentées dans l´exposition Sur les méthodes de la peinture a permis à beaucoup de redécouvrir le travail remarquable de modernité d´A.R. Penck, qui a servi d´exemple à certains des plus grands peintres contemporains, plus particulièrement Keith Haring dont le Radiant Child (Baby) est directement inspiré du Standart, créé dès 1964.

Penck est né à Dresde en 1939. Vit et travaille à Dublin.