"Aller dans le sens de l’amour, c’est entreprendre un chemin qui nous rend plus vulnérable et plus authentique, l’amour nous pousse à l’oubli de soi-même et à faire confiance à ses mystères. " Pierre et Gilles

Pierre et Gilles présenteront du 24 septembre au 18 novembre leurs nouvelles œuvres dans une exposition intitulée Le Grand Amour. L’amour reste plus que jamais le principal leitmotiv des artistes. Sous le regard mi-angélique mi-démoniaque du jeune Amour taillant son arc, l’Amour s’affiche dans la plupart des œuvres exposées.

Amour éperdu du couple aussi peu conventionnel que celui de Marilyn Manson et Dita von Teese dans Le Grand Amour ; amour divin dans La Révélation; désir masculin dans Dark room ; amour de la liberté dans L’aveu…Chaque œuvre de Pierre et Gilles, plus qu’un portrait, est une histoire, un scénario, l’embryon d’un récit. Leurs œuvres ont une dimension cinématographique car elles racontent des histoires, inventant une forme de narration instantanée dans un luxe de détails et une sophistication qui ne se dépare jamais de poésie. Cet art cinématographique est plus que jamais au centre de leur création comme le démontrent les œuvres qu’ils ont réalisé avec Dita von Teese qui se glisse dans la peau du Dahlia Noir de James Elroy ou avec L’escale qui synthétise en deux tableaux la rencontre improbable de L’Ange Bleu et de Rainer Werner Fassbinder. Et cela sans évoquer l’irruption dans leur univers de personnalités si fortes qu’elles sont, par leur singularité, déjà des héros de cinéma.

Depuis plus de 28 ans, Pierre et Gilles sont parvenus à influer sur notre imaginaire collectif avec leur style immédiatement identifiable. Ils continuent à faire preuve de cette implacable exigence de perfection qui les rend capable de produire des images d’une prodigieuse complexité sans jamais avoir recours aux facilités informatiques. La retouche permet à la photographie, en la faisant correspondre à une réalité pré-établie, d’approcher paradoxalement de plus près la vérité. Dans une période où les images générées par ordinateur sont désormais la norme, Pierre et Gilles restent plus que jamais fidèles à cette technique artisanale. « C’est plus intéressant pour nous de travailler de cette façon, l’image est plus vivante, plus profonde du fait de ce procédé artisanal et organique. »

Les Exils Intérieurs sont une série d’autoportraits qui tranche radicalement avec le reste de leur production, c’est pour eux l’occasion d’expérimenter une manière totalement nouvelle de représenter le corps humain. Les corps, pas immédiatement identifiables, sont difractés, morcelés comme déconstruits par le prisme de miroirs déformants parfois au point d’atteindre une abstraction inattendue. Moins édéniques, plus tourmentées, les images complexes qui résultent de ces curieuses expérimentations exercent d’emblée une fascination. La profonde complexité, l’aura de mystère fantastique et trouble sont encore soulignés par le choix des titres, pour la plupart issus des morceaux du Velvet Underground, dont Exil Intérieur pourrait être la parfaite réponse plastique.

Le champ ouvert par Le Grand Amour est si vaste qu’il n’y a qu’à laisser vagabonder notre imagination, il nous invite à un voyage, à un rêve, à une réflexion. Pierre et Gilles nous y poussent avec toute la grâce et l’intelligence qui est la leur.