27 Mars - 29 Mai 1998 |
McDERMOTT & McGOUGH
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Europa. The Lust That Comes From Nothing
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galerie jerome de noirmont
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communique de presse
UNE ALCHIMIE ARTISTICO-HISTORIQUE
« Toute époque existe au même moment »...
L´art de MacDermott & MacGough établit un lien simultané entre présent et passé, faisant fi des normes temporelles qu´ils considèrent comme non existantes car étant une pure invention de l´esprit humain. « Les Lois du Temps présentes et inébranlables, étant liées à notre compréhension de Dieu à travers la religion, seront certainement déconstruites comme l´Humanité prétend revendiquer les Mouvements supposés de l´année solaire dans ses capacités de manipulation ; cependant, si la Science continue de souscrire à la Théorie biblique du Temps linéaire, qui inclue la Notion prosaïque que le Passé n´existe plus, le Futur est encore à imaginer et le Présent est le seul propos pertinent ».
David MacDermott & Peter MacGough refusent ainsi d´accepter le cadre temporel contemporain et « vivent » à l´époque qu´ils estiment la plus favorable, à savoir la fin du XIXè siècle et le début du XXè : leurs maisons, souvent dépourvues d´électricité, et leur atelier sont équipés uniquement d´objets authentiques du siècle dernier ; ils ne portent que des vêtements d´époque, chinés ci et là ; ils ne traversent l´Atlantique qu´en paquebot... L´usage d´un langage « rétro » et d´une calligraphie à l´ancienne n´est pas pour eux, comme pour tant d´autres, une réaction contre le progrès en tant que tendance évolutionniste inexorable. MacDermott & MacGough vivent le passé comme une provocation existentielle.
Tout comme leur mode de vie, leur oeuvre, tant photographique que peinte, montre ce refus total de vivre dans le présent historique :
Leur obsession du passé se retrouve dans les sujets et les styles qu´ils choisissent de ressusciter dans leurs toiles et leurs photos, et dans les dates précises et fictives qu´ils affectent à leurs oeuvres (1889, 1908, 1923...).
Leurs photographies, réalisées avec les techniques des pionniers du siècle passé et tirées dans de nombreuses nuances de sépia, reflètent parfaitement l´atmosphère qui devait régner lors des prises de vues de l´époque. Grâce à un temps d´exposition prolongé, les reproductions sont très détaillées et montrent une finesse de dégradés jamais égalée depuis, qui nous emplit de nostalgie.
Le dandysme est omniprésent dans le monde de MacDermott & MacGough et donne une oeuvre supportée par une sous-structure très organisée, dans laquelle les inventions décoratives du passé jouent un rôle important. De leur connaissance encyclopédique de l´histoire de l´art, ils tirent des détails aussi inattendus que bien choisis, qu´ils insèrent ensuite dans ces compositions structurées, voire géométriques. Leur bagage littéraire leur fournit des motifs textuels et des images qui, visualisées, viennent supporter le contenu de leur oeuvre.
Le caractère narratif de leur travail est traduit en paradoxes, de par l´aliénation de la réalité. Par exemple, les liens parfois visuels avec les mots, dont le graphisme est le plus souvent tiré de publicités, vont au-delà de leur seule signification publicitaire.
Dans tout, MacDermott & MacGough transforment l´héritage culturel en un panorama post-surréaliste, dans lequel ils ont attribué - au moins pour eux-mêmes - une part importante à l´homo-érotisme. L´histoire fantasmée d´une sous-culture homosexuelle en Amérique est une inspiration constante pour les reconstructions par le couple artiste du désir homosexuel, refoulé par le décorum aux rituels compliqués du XIXè siècle et du début du XXè.
Ce désir gay, conçu dans une rhétorique antique, définit dans l´art de MacDermott & MacGough un nouveau type de classicisme où prévaut la beauté idéalisée. Ils créent ainsi un monde imaginaire dans un élégant style érotique, qui à la fois dénote une nouvelle et admirable attitude à l´égard des iconographies religieuses et dans lequel on reconnaît des réminiscences du maniérisme florentin des tableaux d´autel de la Renaissance.
« Nous ne sommes pas des collectionneurs du passé, nous sommes intéressés de produire un changement radical dans la société. Pourtant, attention : nous substituons le terme radical au terme chrétien. Les "radicaux" d´aujourd´hui ne comprennent pas que le secret est justement sous-jacent dans le mot Chrétien. Le Christ était une figure radicale, car il n´a jamais essayé de s´adapter. Il voulait se distinguer. »
Comme le signifie si bien leur toile Advertising Portrait 1908, avec une calligraphie franche et claire copiée de la garantie originale du catalogue Sears Roebuck :
« NOUS DEVONS FOURNIR UNE QUALITÉ DE MARCHANDISE QUI RÉFUTERA DE MANIERE FRAPPANTE TOUT ARGUMENT DE TOUTE SORTE DRESSÉ CONTRE NOUS »