27 Mai - 20 Juillet 2011 |
GRAFFITI NEW YORK 80´s
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Exposition de groupe
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galerie jerome de noirmont
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FUTURA 200, Cookiepuss, 1983, peinture aérosol sur toile, 135 x 236,5 cm. (c) Futura 2000. Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont, Paris.
communique de presse
GRAFFITI NEW YORK 80’s
27 Mai – 20 Juillet 2011
Du 27 mai au 20 juillet 2011, la Galerie Jérôme de Noirmont présente Graffiti New York 80’s, un groupe d’œuvres des pionniers de ce mouvement artistique qui a pris son essor dans les rues de New York dès le début des années 70 pour devenir un phénomène mondial dans les années 80. Plus de 10 ans après les rétrospectives anniversaires consacrées à Andy Warhol (1996/97), Jean-Michel Basquiat (1998) et Keith Haring (1999) dont elle est le représentant en France, la galerie revient sur un autre mouvement artistique qui participa à l’effervescence créatrice de la scène new-yorkaise des années 1980, le graffiti et ses précurseurs de l‘époque.
Une vingtaine d’oeuvres historiques, certaines jamais exposées, illustreront les démarches pionnières de 11 artistes phares du graffiti new-yorkais :
A-ONE
Jean-Michel BASQUIAT
BLADE
Bill BLAST
CRASH
DONDI WHITE
FAB 5 FREDDY
FUTURA 2000
Keith HARING
RAMMELLZEE
TOXIC
et une collaboration inédite LA II, Kenny SCHARF, Jean-Michel BASQUIAT, FAB 5 FREDDY…
Cette exposition revient sur les différentes écoles qui ont fondé l’art graffiti à New York dans les années 1980. Des lettrages de Blade aux abstractions figuratives sur toile de Dondi, en passant par le « SaMo© » de Basquiat, les dessins à la craie de Keith Haring, et le lyrisme d’anticipation de Futura ou de Rammellzee, cet ensemble d’œuvres illustre de 1978 à 1987 la vitalité artistique d’une décennie fondamentale dans l’histoire de l’art.
Etymologiquement, l’histoire du graffiti pourrait débuter avec les peintures de la grotte de Lascaux ou encore les écritures dans les latrines romaines. Ecrire son nom sur les murs publics, au-delà du statut illégal et clandestin de l’inscription, est avant tout un témoignage d’identité et de reconnaissance. C’est le fondement même du graffiti. L’originalité et la différence du mouvement new-yorkais résident dans son ambition plastique et sa diversité stylistique. Depuis les premiers « tags » (signatures) à la fin des années 60, réalisés au marqueur puis à la bombe aérosol, les graffiti n’ont cessé d’évoluer vers de multiples innovations formelles pour finalement gagner une légitimité artistique et intégrer le monde de l’art au début des années 1980.
New York, ville cosmopolite et frénétique, en pleine mutation économique et sociale depuis la fin de la guerre du Vietnam, va cristalliser cette nouvelle énergie urbaine et créative. A partir de 1971, les « tagueurs » commencent à envahir les murs et les tunnels du métro. Des « crews » (groupes), souvent constitués par quartier et origine ethnique, se forment. Les tags sont toujours plus grands et plus élaborés ; surtout, ils s’affichent effrontément aux yeux de tous sur les rames du métro new-yorkais. Les media et galeries d’art sont très vite fascinés par la cohésion populaire du mouvement et le potentiel artistique de ses « writers » (littéralement : écrivains).
1980 voit les grands noms du « graffiti sauvage » passer du mur à la toile, de l’underground au monde de l’art. La première exposition majeure d’art graffiti se tient à la galerie Fashion Moda en 1980, un espace alternatif dans le sud du Bronx, puis à la Fun Gallery. L’année suivante ont lieu deux expositions collectives importantes, la fameuse New York/New Wave au PS1 Contemporary Art Center et Beyond the Words au Mudd Club organisée par Futura 2000 et Fab 5 Freddy, qui révèlent définitivement cette génération de pionniers du graffiti, que l’on retrouve aujourd’hui à la Galerie Jérôme de Noirmont. Jean-Michel Basquiat, Keith Haring et Kenny Scharf exposent aux côtés des writers du métro ; à la différence de Dondi White, A-One, Crash ou encore Toxic, ces jeunes peintres suivent des études d’art et, en fréquentant cette nouvelle scène underground new-yorkaise, ils découvrent l’idée d’un art urbain spontané.
LE GRAFFITI FIGURATIF ET LE LETTRAGE - DONDI WHITE / CRASH / BLADE
Considéré comme le « King » du graffiti new-yorkais et du lettrage « wild style » (où le nom devient complètement illisible), DONDI WHITE (Donald J. White) fonde le groupe CIA (Crazy Inside Artists) en 1977 et se démarque des autres writers avec ses superbes « whole cars » comme le fameux Children of the Grave réalisé en 1980. Son talent graphique lui permet de varier les styles, passant du tag wild style alambiqué, à un graff plus lisse et accessible à un plus large public. Les trois oeuvres présentées ici sont représentatives de ces deux esthétiques. Tout d’abord, Brain Damage (1981), qui provient de la collection personnelle de Keith Haring, nous rappelle sa filiation à cette première génération de graffeurs qui recouvraient de leurs noms les murs du métro. Avec Looking back (1982), exposée à la Fun Gallery en 1982 et Portrayal values (1984), Dondi White réalise des œuvres à la figuration quasi-abstraite, inspirée des bandes dessinées de Vaughn Bode. Ce minimalisme associé aux influences de la culture populaire et littéraire illustre les évolutions esthétiques déterminées par le passage des rames du métro à la toile et destinées à un public plus large que celui des graffeurs.
Autre artiste du graffiti réputé pour son lettrage, CRASH (John « Crash » Matos) développe un style graphique dynamique à l’imagerie également proche des comics et aux couleurs tranchées, propres à la publicité. La toile exposée à la Galerie, The Car (1983), souligne sa volonté de transposer la dynamique et la force de ses lettrages sur les métros dans un mouvement sur la toile.
Avec Images (1986), Steve Ogburn dit BLADE poursuit son étude des lettres, qu’il n’a cessé de renouveler depuis son premier train en 1973. Graffeur de la première génération dont la frénésie créative est symptomatique de l’effervescence de l’East Village des années 80, il n’est jamais passé au wild style et maîtrise à la perfection les « bubble letters » et les ombres pour créer de véritables fresques lettrées en trois dimensions.
LE GRAFFITI, CULTURE DE RUE GLOBALE - HARING / BASQUIAT / FAB 5 FREDDY
Aux côtés de cette génération de « writers », la scène underground du East Village va révéler de jeunes peintres exposés dans les galeries. Jean-Michel BASQUIAT, Keith HARING et Kenny SCHARF s’approprient les pratiques urbaines pour devenir très vite les figures de proue du mouvement en tant que discipline esthétique. Des liens artistiques et amicaux se forgent, donnant naissance à une émulation réciproque, figurée ici par une collaboration historique entre Kenny Scharf, Jean-Michel Basquiat, Fab 5 Freddy, LA II… Art is the World, panneau de bois de 1981 recouvert des tags de tous ces artistes, aussi issu de la collection privée de Keih Haring, est le symbole de cette rencontre entre des démarches certes différentes mais qu’un même rapport à la ville réunit.
L’écriture graphique aux lignes simplifiées et compréhensibles par tous que Keith HARING développe dès la fin des années 70 est en partie le résultat de sa découverte de l’art urbain et des "writers" new-yorkais auprès desquels il expose. En 1981, il commence à dessiner ses personnages à la craie blanche sur le papier noir des espaces publicitaires vierges des stations de métro, puis envahit les murs de la ville, les réverbères, les voitures, les vêtements ou les corps… Le Subway Drawing (ca. 1983) exposé ici est un témoignage rare de cette démarche urbaine d’un art au service de la vie et accessible à tous. Untitled (1980-81), dessin au marqueur sur panneau de bois, illustre aussi ce langage artistique unique, en accord avec la spontanéité positive de ce milieu des graffeurs underground new-yorkais.
A l’instar des graffeurs, BASQUIAT s’exprime d’abord dans les lieux publics sous la signature impertinente de "SaMo©" (pour « Same Old Shit »). Visant la reconnaissance du milieu de l’art, ses aphorismes nihilistes recouvrent les murs dans des quartiers spécifiques comme Soho ou Harlem. Les matériaux et l’esthétique de ses œuvres diffèrent cependant de ceux des graffeurs. Les trois œuvres sur papier datées de 1978 présentées ici sont emblématiques des débuts de l’artiste. Y apparaît déjà le contraste qui lui confère son statut précurseur d’artiste graffiti : un style nerveux et énergique alliant poésie et dessin, évocateur de son esprit de révolte envers la pauvreté urbaine, associé à l’usage de supports traditionnels.
Untitled (1980), une toile de FAB 5 FREDDY (Fred Brathwaite), vient attester de la diversité du graffiti et de ses liens avec le hip-hop. La peinture de cet artiste est directement influencée par sa perception de la musique. Organisateur avec FUTURA 2000 de l’exposition au Mudd Club en 1981, il en assure la programmation musicale et y présente un programme de break-dance. Cette manifestation met alors en lumière l’hétérogénéité artistique de ces mouvements créatifs, Fab 5 Freddy faisant le lien entre la culture hip-hop du Bronx et de Brooklyn et les quartiers branchés d’East Village. En 1980, Blondie chante Rapture, premier titre de rap à s’être hissé en tête des vente, et célèbre ce graffeur-DJ.
Autre artiste graphique à vouloir garder un contact vivant avec la musique, FUTURA 2000 (Leonard Hilton McGurr) suit en 1981 le groupe de punk britannique « The Clash » dans leur tournée européenne, recouvrant « en live » le fond de scène de ses graffiti légers et intenses. La peinture aérosol sur panneau Untitled (ca 1983) est le fruit d’une de ces performances qui rappellent l’instantanéité et la dynamique des graffitis réalisés sur les métros. Une façon de maintenir le lien avec les tags, après le passage à la toile.
LE GRAFFITI ABSTRAIT ET FUTURISTE – FUTURA 2000 / RAMMELLZEE / A-ONE / TOXIC
Véritable icône du graffiti, FUTURA 2000 se distingue très vite des autres « writers », d’une part par son passage aisé des murs du métro aux cimaises des galeries, d’autre part en développant une approche abstraite du graffiti, inspirée du cyberpunk et des films de science-fiction. 2001: L’Odyssée de l’espace sort en 1968 et est à l’origine de sa signature, « Future 2001 » qui deviendra « FUTURA 2000 ».
Privilégiant le geste et la couleur au lettrage, son habileté à maîtriser l´aérosol et les projections de couleurs aboutit à une vision d’un autre monde qui n’est pas sans rappeler l’abstraction lyrique de Kandinsky ou Hartung. Son « tag » aussi évolue vers une géométrisation des formes qui devient sa signature.
Les immenses aplats colorés presque fantastiques et les éléments décoratifs comme dans Cookiepuss (1983) font de FUTURA 2000 un abstractionniste accompli. Ici, ses coups d’aérosol expressifs nous imposent une vision organisée de ces désordres colorés. Il joue avec nos sens, nos impressions d’inachevé, nous entraîne dans un univers céleste. Des oeuvres à la force délicate et spontanée où les codes de la rue se mêlent à un nouveau romantisme urbain pour sublimer l’espace.
Bill BLAST (William Cordero) illustre aussi dans ce parcours cette tendance futuriste du graffiti, avec Blast to the future (1983), toile créée comme une fresque qui semble tout droit sortie de l’univers de Flash Gordon créé par Alex Raymond.
RAMMELLZEE développe quant à lui une théorie basée sur la guerre des lettres et de l’alphabet et donne naissance à un style très personnel, qu’il qualifiera de « futurisme gothique ». Les deux peintures exposées à la Galerie, Gothic Futurism Jekyll See’s All Fear (1983) et Equation Note ! Namid Foe, Rae Square (1986) sont particulièrement représentatives de ce courant de pensée qui tente de réviser le rôle du langage dans la société et qui se traduit plastiquement par une application des caractères gothiques au wild style. Avec A-ONE et TOXIC, ils forment le « TMK crew (Tag Master Killer) ». Présentés ici avec respectivement Exerpis (1992) et In Criminidating Evidence (1990), ces deux derniers artistes suscitèrent un grand enthousiasme en Europe où ils s’expatrièrent dans les années 80 (A-One en France, Toxic en Italie), symbolisant ainsi le renouvellement du mouvement au-delà des frontières américaines.
Dans un environnement urbain monotone, fait de béton et de bruit, tous ces jeunes artistes inspirés ont réussi à sublimer leur ville et à offrir de nouvelles perspectives à l’art contemporain, en chamboulant les conventions artistiques bourgeoises.
Dans la lignée du Pop Art qui visait à ériger les symboles de notre culture populaire en œuvres d’art, le graffiti, né dans la rue, est aujourd’hui un mouvement artistique qui a gagné ses lettres de noblesse et qui s’est aussi imposé dans notre vie quotidienne. A l’instar de Warhol, l’immense notoriété actuelle de ce genre artistique vaut à ses chefs-d’œuvre de figurer maintenant aux cimaises des musées et à sa moindre expression d’envahir notre imagerie collective. Le graffiti se trouve ainsi à la source de l’histoire de l’art du XXIe siècle.
Contact Presse : Emmanuelle de NOIRMONT / Laurène FLINOIS