Un nouveau film d’Ulla von Brandenburg, commandé par la Whitechapel Gallery en collaboration avec le Prix Marcel Duchamp suite à sa nomination en 2016 pour ce prestigieux prix annuel, recrée l’événement.

Célèbre pour son œuvre qui mobilise le théâtre et la performance afin d'analyser les problèmes sociaux complexes, Ulla von Brandenburg a aussi conçu une structure d'assises colorée qui ressemble à un paysage, transformant le spectateur en participant.

Tourné avec la participation des enfants de l’école primaire Arnhem Wharf, le film de von Brandenburg s'intéresse à la dynamique entre l’individuel et le groupe, ainsi qu'aux espoirs des jeunes, à une époque où le Brexit pourrait limiter les opportunités pour les générations futures.

« Pour ce projet, je voulais proposer un nouveau film ainsi qu’une installation spécifique au site, tous deux inspirés par une exposition antérieure, Sweets, qui a eu lieu à la Whitechapel Gallery en janvier 1973.

Organisé par Jane Preger et le Comité « Fanfare for Europe » pour fêter l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché Commun, l'exposition présentait des bonbons, des confiseries et des gâteaux, des neuf pays de la Communauté élargie.

Le dernier jour, 500 enfants la visitèrent pour apprendre comment les bonbons pouvaient être utilisés dans l’art populaire et furent invités à un « festin de bonbons » pour manger des bonbons qui n’avaient pas fait partie de l’exposition. Au lieu de manger les bonbons fournis, les enfants ont attaqué les étalages et ont mangé toute l’exposition, le seul garde en service étant totalement dépassé.

Au-delà de la situation politique actuelle de l’Union Européenne, je me suis beaucoup intéressée à ce moment fort, cette réponse presque anarchiste des enfants face au projet artistique. Ainsi, plutôt que de concevoir une exposition pour les adultes compréhensible par les enfants, je voulais présenter un projet pour et avec les enfants, ouvert aux adultes. Ce projet a aussi été imaginé en référence au programme éducatif historique de la Whitechapel Gallery, qui encourage les enfants à expérimenter l’art moderne et contemporain par des voies alternatives.

Mon idée était de tourner en 16mm et en plan-séquence une reconstitution de ce « festin de bonbons » avec les enfants du voisinage d'aujourd’hui, à peu près du même âge (entre 7 et 11 ans), dans la même salle où eut lieu la première exposition Sweets.

Le film de la performance sera projeté dans l’espace de l’exposition, aux côtés d’une installation tri-dimensionnelle, un espace interactif que les visiteurs pourront escalader pour voir le film. Comme souvent dans mes propositions, les installations servent de dispositifs immersifs, dans le but d'abolir les frontières entre l’écran bi-dimensionnel et l’espace, entre l’œuvre et le public. »